Je vous raconte comme j’ai détesté ma première expérience de Yoga du Rire

 

C’était en 2015 à Vincennes, un vendredi soir je crois.

J’avais lu l’annonce d’un atelier qui se tenait pas loin de chez moi. Je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé dans ma tête à ce moment là, mais je me suis inscrite.

La première fois que j’avais entendu parler du yoga du rire, c’était à México D.F., cinq ans plus tôt. Je sortais du travail avec ma collègue Marina, qui me dit, en passant devant une maison:

– « Tiens, je suis déjà venue ici. Il y a un club de gens qui s’y retrouvent et se prennent dans les bras, et ils rient. Ils ne font que rire. J’ai testé. Et j’ai ri« , me dit-elle en riant avec son « jejeje jajaja » si caractéristique des mexicains et hispaniques en général.

Bref, c’était bizarre son histoire et son truc de secte. JAMAIS, OH GRAND JAMAIS je ne ferai ce truc si bizarre, je me le jure (et c’est pas difficile). J’ai de l’amour propre et une certaine dignité pour ne pas faire ce genre de choses moi !

De retour cinq ans plus tard à Vincennes, je me pointe au rendez-vous dans une salle polyvalente plutôt grande, réservée à cet effet et s’y trouve déjà quelques participants qui se disent bonjour et font la conversation. Je suis apparemment la seule nouvelle, je ne connais bien évidemment personne. L’animatrice m’accueille gentiment et on attend encore quelques minutes les derniers retardataires.

Au moment où la séance démarre, on doit bien être une vingtaine de joyeux lurons en devenir.

On se positionne en ronde, et là j’ai le cœur qui bat la chamade, les jambes qui ramollissent, la bouche qui sèche.

J’en mène pas large..

Je me demande à quelle sauce je vais être mangée..

La séance commence par des échauffements du corps.

Jusque là, tout va bien!

Je connais, je maîtrise! Et je me détends..

Youhouuu! C’est pas difficile le Yoga du Rire en fait!!

Mais très vite, je calme ma joie quand vient le moment clé de la séance : les exercices de rire.

J’ai peur. J’ai réellement peur.
Je me demande si je vais bien arriver à rire.

Sérieusement, rien n’est moins sûr.. Je me dis que je ne suis déjà pas une rigolote dans mes bons jours. Alors là, un jour normal, entourée d’inconnus, à faire des trucs chelous, j’en doute..!

On nous demande de ne plus parler et d’utiliser le rire comme seul moyen de communication.
Et v’là-ti pas qu’on nous demande de se prendre dans les bras en riant pour se dire bonjour et de changer de partenaire..?%*+//*¨£*?WTF*????

J’ai l’air con, mais vraiment !
Mais comme les autres aussi, ben je fais comme tout le monde…
(j’ai quand même l’impression d’avoir l’air beaucoup plus con que les autres..)

Puis vient l’exercice où l’animatrice nous demande de :

       traverser individuellement la salle dans la diagonale

       devant 40 paires d’yeux de témoins potentiellement moqueurs

       de simuler que l’on s’est transformée en une superbe mannequin très à l’aise dans son corps (ce qui n’est absolument pas mon cas !)

       tout ça…je vous le donne en mille..en riant !

Là, ça commence à paniquer à l’intérieur de moi… Je commence à avoir chaud… C’est souvent le signal pour moi que je suis ultra mais ultra mal à l’aise… Et je vous avoue qu’à ce moment précis, ma seule envie, c’est de m’évaporer, disparaître, niet, partie, zouu….mais manque de pot pour moi, le cauchemar continue…

C’est le moment de faire la poule. Oui, oui, vous avez bien lu, la poule. Nous devons mimer une poule qui picore en battant des ailes avec nos bras repliés, en mode danse des canards.
Je ne vous raconte pas la honte que j’ai ressentie à ce moment là.
Mais bonne élève que je suis, je fais comme tout le monde et j’ai le rire jaune.

Je vois que les autres au contraire de moi se poilent bien, ils ont l’air de trouver ça drôle d’imiter une poule!

Mais moi je me raconte qu’ils tous com-plè-te-ment maboules ici.
J’ai d’ailleurs compris que la grande majorité étaient des habitués, qui viennent chaque semaine prendre leur shoot de rire…en faisant la poule ou d’autres choses du genre..

« Allô quoi ? ».
Nabila, sors de ce corps!

 

Je me dis que c’est vraiment stupide de rire pour rien..juste parce qu’on nous l’a demandé..c’est naze.
« C’est pour les nazebroques ce truc », dirait Mortelle Adèle.

Je ne pense qu’à une chose: « Quand est-ce que tout ça va donc finirrrr!!!! »

Je trouve ça tellement ringard et bête que vers la fin, je sens un début d’ondulation à l’intérieur de moi (j’aurais du mal à nommer ça un rire). Eh oui, je dois être légèrement atteinte moi aussi pour rire de mon ridicule.

Tiens, j’aurais aimé qu’on porte un masque à l’époque. On n’aurait pas vu que j’avais l’air constipée.

Et enfin!!
L’heure de la libération sonne vingt minutes plus tard, qui m’ont semblé une éternité.
L’animatrice nous invite à nous allonger au sol sur un drap multicolore.

Fini le regard et le jugement des autres.

Fini le ridicule : c’est l’heure de la méditation du rire. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas : c’est le moment où – allongés sur le dos – chacun laisse son rire aller et venir à son rythme et comme il l’entend.

Je suis allongée entre deux personnes qui rient comme des baleines, mais moi je ne ris pas et ça ne se voit pas.
Yes !

Puis s’en suivent le silence et une méditation guidée. Rien de spécial à faire. Rien à montrer. Ouf.

Je suis bien là, sur le sol.
Le calme, enfin.

C’est le pied.

J’ai presque envie de rester là, même quand les lumières se rallument.

Je viens de passer un moment de solitude, sans aucun doute, le plus grand de toute ma vie.

mais mine de rien…

j’ai comme l’impression..

de me sentir bien…

 

A suivre…

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